Le flipper français renaît de ses cendres dans la Marne

Industrie. Christian Petit et Julien Larose, les deux associés de Phénix Pinball, s’installent dans une unité de 4000 m² à Vienne-le-Château pour relancer la production de flipper en France.

Christian Petit et Julien Larose se sont lancé un véritable défi. Pour ces deux passionnés, il s’agit de faire revivre une industrie française du flipper. D’ailleurs, le nom de la marque qu’ils ont déposée, Phénix Pinball affiche clairement la couleur. En effet, pinball est le mot anglais désignant le flipper et le phénix désigne l’oiseau légendaire qui renaissait de ses cendres. Même si les plus grands fabricants de flippers étaient et sont encore américains, il y a eu une industrie française du flipper.

Un défi français

« Dans les années 60 il y avait Rally dans le sud de la France, le dernier étant Jeutel dans les années 1985 », explique Christian Petit.* Lui-même est un grand collectionneur de ces machines autrefois incontournables dans les cafés. « Il y a aujourd’hui un regain d’intérêt pour le flipper, soit de la part des particuliers qui en installent dans leur salon, soit de loueurs qui en achètent pour leur parc de jeux, sans oublier les exploitants de parcs », fait remarquer Julien Larose. Les faits semblent leur donner raison.

Une industrie du flipper en France

Après une lente agonie, l’industrie du flipper a repris des couleurs. Les investissements sont conséquents tant aux États-Unis avec Stern qu’en Grande Bretagne par Heighway Pinball. Les deux passionnés marnais se sont lancés dans l’aventure il y a plus d’un an avec une idée bien précise. « Nous voulions concevoir un flipper français inspiré, facile à jouer dans l’esprit de ce qui se faisait dans les années 70-80 », précise Julien Larose. Leur premier modèle électromécanique, baptisé Olympic Goblins, est le fruit d’un long travail de mise au point. Le premier prototype date de mars 2016 et a été suivi par d’autres machines.

« Pendant une année entière, je l’ai exposé et fait tester dans pratiquement tous les salons du flipper en France », ajoute Christian Petit. Collectionneurs et passionnés ont pu ainsi suggérer des améliorations. Au passage, ce premier modèle a fait la preuve de sa robustesse, une donnée importante.

Commercialisation du flipper français à l’automne 2017

Ce prototype a été amélioré et le modèle définitif est quasiment terminé. « Nous allons lancer la commercialisation et la production à partir de cet automne », annonce Julien Larose. Actuellement, ils aménagement les 4 000 m² dont ils disposent au sein de l’ancienne usine Albéa de Vienne-le-Château, près de Sainte-Ménéhould. Cette vaste usine en cours d’aménagement est située dans la Marne. Une surface suffisamment vaste pour fabriquer les caisses en bois puis assembler les quelque 500 pièces contenues dans ce flipper pesant plus d’une centaine de kilos.

« Notre objectif à terme sera de sortir deux nouveaux modèles par an qui seront entièrement fabriqués dans notre atelier », poursuit Julien Larose. Jusqu’à maintenant, les deux associés ont pu avancer dans leur projet uniquement par de l’auto-financement. Leur ambition est de relancer une véritable industrie du flipper français, en créant au passage des emplois.

Un flipper à prix abordable

La phase de commercialisation, qui sera lancée cet automne sera très importante pour la suite. « Mais il y a déjà une certaine attente de la part des collectionneurs et des amateurs de flippers », fait remarquer Christian Petit. Phénix Pinball compte sur l’effet made in France mais aussi, avec un prix de l’ordre de 5000 euros, sur des tarifs plus bas que les concurrents étrangers.

La nouvelle marque française de flipper compte également sur un autre marché, celui des entreprises, en proposant aussi des modèles personnalisables aux couleurs d’une marque par exemple.

Laurent Locurcio

(article paru dans les Petites Affiches Matot-Braine du 25 septembre 2017)

  • Dans le livre Nos années flipper, quelques pages sont consacrées au flipper français, et notamment à Jeutel avec une interview de Pierre Tel, ainsi qu’un portrait de Christian Petit.
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Flipper et rock

Tout d’abord, le pinball et le rock ont eu souvent des atomes crochus. Pour commencer, c’est le cas du  groupe français Téléphone. Dans ses rangs, il comptait donc des  joueurs acharnés comme Louis Bertignac. Dans le livre  « Nos années flipper » paru aux éditions Akapella en 2016, Philippe Manœuvre le souligne. Il rappelle que  » le flipper envahit le rock et il est très bien chanté par Louis Bertignac sur le premier album de Téléphone. »

Le texte joue sur l’argot du flipper (« t’as perdu la boule, mon gars ») et, bien sûr, Louis est un champion de flipper ».  Les rockeurs et ce jeu, c’est une longue histoire artistique et ludique. Rappelons par ailleurs que la musique et les paroles du titre avaient fait tilt immédiatement. D’autant qu’à cette époque, les machines étaient omniprésentes dans les cafés. Et donc, forcément, auprès de la jeunesse. Le titre figurait dans le premier album du groupe français de rock, « Anna », sorti en 1977. Le flipper, le rock et la musique ont plutôt joué de concert depuis de nombreuses années.

Flipper et rock

En effet, le titre est emblématique pour les membres du groupe encore aujourd’hui. Les Insus, composé du trio historique Aubert, Bertignac et Kolinka reprend encore le titre dans ses concerts récents.  » On joue sa vie, comme on joue au flipper…. ». Par ailleurs, Anna est quelque part l’album fondateur du groupe. La plupart des chansons, écrites par Jean-Louis Aubert, l’avaient été en prévision du fameux concert du 12 novembre 1976. Joué au Centre américain de Paris. En effet, c’est au cours de ce concert que  Téléphone s’est formé. Philippe Manœuvre, l’historien du rock français qu’on ne présente plus, a d’ailleurs classé Anna parmi les albums à posséder. Et par conséquent tous les titres qui y figurent tels que Flipper, Anna, Métro c’est trop, Hygiaphone. Il l’indique  dans son livre « Rock  français, de Johnny à BB Brunes, 123 albums essentiels », paru aux éditions Hoëbeke en 2010)